jeudi 28 août 2008

Le Cadeau


Quelquefois, on s'attend à recevoir un cadeau mais c'est avec un peu d'appréhension qu'on se demande quel cadeau ridicule risque de se présenter et on s'inquiète d'avoir à faire bonne figure devant la généreuse personne qui, pleine de bonnes intentions, vous a choisi ce ramasse poussières un peu kitsch, cet objet inutile, ce livre inintéressant...

Dans "mon" athénée, il est de coutume que les collègues offrent un cadeau personnel aux grandes occasions: mariage, naissance, maladie de longue durée... et de départ à la (pré)retraite.

A quoi devais-je m'attendre?...

...à une fantastique surprise!

Les deux livres que j'ai reçu correspondent totalement à ma sensibilité philosophique, à des centres d'intérêt qui n'ont pas grand chose à voir avec l'école (quoique...) mais que mes collègues ont su percevoir. Ces livres, j'aurais pu les désirer si je les avais vu à l'étal d'un libraire. Mes collègues - ou, en tout cas leur délégué - les ont trouvés pour moi et me les font découvrir.

Ce cadeau prouve, s'il le fallait encore, qu'au delà des relations purement professionnelles, en arrière plan, se tissent d'autres relations tellement plus personnelles!

Je vous remercie sincèrement et chaleureusement pour ces cadeaux mais aussi, tout au long de ma présence parmi vous pour ces instants fugaces d'une parole attentionnée, d'un regard complice, d'un partage, d'un geste bienveillant, tout cela qui rend plus léger la journée de travail et la carrière.

P.Z. En ce dernier jour de carrière


Pour info, je vois que ce "post" est daté de jeudi par "Blogspot".
Il a, en réalité, été déposé vendredi matin vers 8h
, mon dernier jour de travail à l'Athénée

vendredi 15 août 2008

Le vrai du faux

Pour continuer à propos de la triche, une élève (appelons-la «B.») me rappelle cette mésaventure qui lui est arrivée en première, il y a déjà quelques années.

Le néerlandais n'était pas son cours de prédilection et elle y éprouvait de sérieuses difficultés mais selon toute probabilité, B. était le genre d'élève dont la mémoire était un atout dans certains cas: elle a appris à peu près par cœur un texte travaillé en classe dans l'espoir qu'il lui serait utile d'une façon ou d'une autre à l'examen.

Elle répond donc tant bien que mal aux différents exercices puis arrive la rédaction. De mémoire, elle jette sur une feuille de brouillon le texte vu en classe pensant pouvoir en utiliser la structure, même, peut-être, des phrases entières, pour reconstituer un semblant de rédaction qui puisse lui rapporter quelques points. Comme je le disais: en néerlandais, B. est plus à l'aise dans la restitution que dans la création.

Mais voilà que le surveillant-éducateur qui surveillait... c'est à dire un certain Papa.Zoulou. en ramassant les copies, constate la présence d'une feuille un peu bizarre dans le bloc de B. Il y regarde de plus près et voit qu'il s'agit d'un texte qui n'a pas vraiment de rapport avec l'examen: ce n'est pas le sujet de la rédaction, la couleur d'encre était même différente, si mes souvenirs sont exacts. Bref, cela ressemblait furieusement à une feuille qu'on aurait glissé là pour l'utiliser pendant l'examen, comme font tant d'élèves peu scrupuleux.

C'est donc convaincu par cette interprétation des faits que je ramasse les feuilles de B., l'examen et, bien sûr la feuille litigieuse, pour les remettre au professeur avec mes commentaires (j'ai toujours laissé le professeur décider du tarif des sanctions, lorsque je surveille).

B. est désespérée, elle m'explique, insiste, ne sais plus quoi faire pour me convaincre et à bout de ressources, pleure devant le déshonneur de l'échec cuisant prévisible.


C'est bien simple: je me trouve si souvent en face d'élèves qui nient l'évidence alors que ce que j'ai vu ne prête absolument pas à confusion, quand, p.ex. j'ai vu un échange de feuilles, que je constate la différence d'écriture et remonte à l'auteur de la feuille retrouvée chez un autre. Ou à la récréation: «Ce n'est pas moi qui ai jeté ça par terre / qui ai craché...» ...ou encore à l'étude quand je demande le silence, l'élève que je vois et entends clairement «mais non, Monsieur, je ne parle pas!»

A la faute quelquefois bénigne s'ajoute le mensonge et l'élève se décrédibilise. D'ailleurs, il est peu «psychologue»: il ne fait qu'énerver le prof ou le surveillant qui risque de le sanctionner davantage.

Mon premier réflexe a donc été de m'accrocher à mon interprétation des faits et de croire que B. me racontait des histoires pour sauver son examen.

Mais, quand même...

Je finis par douter. Et si elle était de bonne foi? Moi-même, quand j'étais élève, n'ai-je pas été victime de trompeuses apparences? Je retourne voir le professeur pour lui faire part de ma perplexité devant la version de B. finalement pas moins plausible que mon interprétation.

B. qui me rappelle cet épisode me dit que, finalement, ça s'est arrangé, son professeur l'a crue ou, à tout le moins, lui a accordé le bénéfice du doute. La façon dont B. me raconte l'anecdote aujourd'hui a achevé de me convaincre de sa bonne foi, mais pourquoi ais-je eu tant de mal à la croire, en ramassant son examen?


Ce sont les mensonges souvent assénés froidement les yeux dans les yeux qui me rendent d'office méfiant devant tout ce que peut me dire un élève. Non, je ne vous crois plus d'office et il est bien dommage que les élèves honnêtes pâtissent ainsi de l'attitude d'autres qui n'hésitent pas à me faire avaler leurs salades... enfin qui essayent!

vendredi 8 août 2008

Interrogation écrite!

Il m'a assez souvent été demandé de surveiller des examens ou des interrogations écrites voire même être assesseur à des examens. Le souvenir le plus insolite est celui de cet oral de Français à la lueur des bougies, un matin de décembre: le jour n'était pas encore levé et la panne électrique du local pas encore résolue. Quelle belle ambiance pour évoquer les Romantiques!


En ce qui concerne les écrits, c'est franchement ennuyeux. Je peux essayer de repérer les gauchers et les compter: deux ou trois par classe, les statistiques se vérifient mais cela ne remplit pas les deux heures d'un examen voire la matinée...

Une tâche importante est d'empêcher les élèves de tricher. Un jeu où la vigilance de l'un doit déjouer les ruses des autres.

J'ai donc essayé de donner aux élèves honnêtes la conviction que la triche ne paye pas, pour cela il me fallait empêcher les manœuvres louches et il est délicat de faire la part des choses: un regard de côté est souvent une curiosité de voir si le voisin s'en sort aisément, un peu plus appuyé, cela peut être une «recherche d'inspiration»! Mieux vaut prévenir que guérir et éviter les situations ambiguës d'une feuille un peu trop au milieu de la table, par exemple.

Les techniques ne manquent pas, j'ai moi-même été témoin d'échange de papiers (échange de brouillons, de petits coins déchirés, jusqu'au jet hardi d'une boulette de papier; cours ouverts sur les genoux, feuilles de cours sous la feuille d'examen ou parmi les feuilles destinées aux brouillons, feuille de brouillon couverte de notes à peine lisibles au crayon dur, jusqu'au petit résumé miniaturisé. Dans ce cas, notons les progrès de la technique qui permet, via la photocopieuse ou l'imprimante, de les réduire à souhait tout en les multipliant à l'envi pour les copains; encore faut-il pouvoir les utiliser adroitement et les faire disparaître à la première alerte. A ce propos, je me rappelle cette élève «imbuvable» qui, en me voyant venir, a fait disparaître son «copion» derrière sa ceinture, carrément dans son slip avec une attitude de défi comme pour me dire « ...et là, vous viendrez le chercher? »

Souvenir plus récent: cette fille de rhéto parmi une soixantaine d'élèves dans un grand local, surprise au téléphone en plein examen de physique: « C'est ma maman » me dit-elle ingénument tout en s'accrochant à son GSM s'offusquant que je puisse vouloir le lui confisquer.

Il va de soi que je n'incite personne à en faire autant, si je vous le raconte, c'est parce que j'ai pu surprendre ces quelques faits (et je ne les cites pas tous)

Quand je tombe sur un fait de tricherie, que je ramasse une preuve compromettante ou que je dis que je rapporterai les faits au professeur dont je surveille l'examen, il n'y a aucune agressivité dans mon expression, «tu as essayé, ça a raté»; parfois même un peu d'humour émaille mes propos sans doute pour désamorcer la gravité de la situation mais j'ai sincèrement de la peine de voir la détresse de celui ou celle qui mesure les conséquences tragiques que ses actes auront sur l'évaluation de son travail. Même si j'ai essayé de ne rien en laisser paraître, j'ai souvent eu le cœur touché devant les supplications, les promesses de ne plus recommencer, les larmes...


D'un autre côté, j'admets fort bien avoir pu laisser passer nombre de tentatives réussies. Allez, vous avez terminé, moi, je ne suis plus dans l'enseignement, vous pouvez bien me confier une anecdote où vous pouvez vous vanter de m'avoir bluffé!

C'est à vous d'évoquer vos souvenirs!