vendredi 15 août 2008

Le vrai du faux

Pour continuer à propos de la triche, une élève (appelons-la «B.») me rappelle cette mésaventure qui lui est arrivée en première, il y a déjà quelques années.

Le néerlandais n'était pas son cours de prédilection et elle y éprouvait de sérieuses difficultés mais selon toute probabilité, B. était le genre d'élève dont la mémoire était un atout dans certains cas: elle a appris à peu près par cœur un texte travaillé en classe dans l'espoir qu'il lui serait utile d'une façon ou d'une autre à l'examen.

Elle répond donc tant bien que mal aux différents exercices puis arrive la rédaction. De mémoire, elle jette sur une feuille de brouillon le texte vu en classe pensant pouvoir en utiliser la structure, même, peut-être, des phrases entières, pour reconstituer un semblant de rédaction qui puisse lui rapporter quelques points. Comme je le disais: en néerlandais, B. est plus à l'aise dans la restitution que dans la création.

Mais voilà que le surveillant-éducateur qui surveillait... c'est à dire un certain Papa.Zoulou. en ramassant les copies, constate la présence d'une feuille un peu bizarre dans le bloc de B. Il y regarde de plus près et voit qu'il s'agit d'un texte qui n'a pas vraiment de rapport avec l'examen: ce n'est pas le sujet de la rédaction, la couleur d'encre était même différente, si mes souvenirs sont exacts. Bref, cela ressemblait furieusement à une feuille qu'on aurait glissé là pour l'utiliser pendant l'examen, comme font tant d'élèves peu scrupuleux.

C'est donc convaincu par cette interprétation des faits que je ramasse les feuilles de B., l'examen et, bien sûr la feuille litigieuse, pour les remettre au professeur avec mes commentaires (j'ai toujours laissé le professeur décider du tarif des sanctions, lorsque je surveille).

B. est désespérée, elle m'explique, insiste, ne sais plus quoi faire pour me convaincre et à bout de ressources, pleure devant le déshonneur de l'échec cuisant prévisible.


C'est bien simple: je me trouve si souvent en face d'élèves qui nient l'évidence alors que ce que j'ai vu ne prête absolument pas à confusion, quand, p.ex. j'ai vu un échange de feuilles, que je constate la différence d'écriture et remonte à l'auteur de la feuille retrouvée chez un autre. Ou à la récréation: «Ce n'est pas moi qui ai jeté ça par terre / qui ai craché...» ...ou encore à l'étude quand je demande le silence, l'élève que je vois et entends clairement «mais non, Monsieur, je ne parle pas!»

A la faute quelquefois bénigne s'ajoute le mensonge et l'élève se décrédibilise. D'ailleurs, il est peu «psychologue»: il ne fait qu'énerver le prof ou le surveillant qui risque de le sanctionner davantage.

Mon premier réflexe a donc été de m'accrocher à mon interprétation des faits et de croire que B. me racontait des histoires pour sauver son examen.

Mais, quand même...

Je finis par douter. Et si elle était de bonne foi? Moi-même, quand j'étais élève, n'ai-je pas été victime de trompeuses apparences? Je retourne voir le professeur pour lui faire part de ma perplexité devant la version de B. finalement pas moins plausible que mon interprétation.

B. qui me rappelle cet épisode me dit que, finalement, ça s'est arrangé, son professeur l'a crue ou, à tout le moins, lui a accordé le bénéfice du doute. La façon dont B. me raconte l'anecdote aujourd'hui a achevé de me convaincre de sa bonne foi, mais pourquoi ais-je eu tant de mal à la croire, en ramassant son examen?


Ce sont les mensonges souvent assénés froidement les yeux dans les yeux qui me rendent d'office méfiant devant tout ce que peut me dire un élève. Non, je ne vous crois plus d'office et il est bien dommage que les élèves honnêtes pâtissent ainsi de l'attitude d'autres qui n'hésitent pas à me faire avaler leurs salades... enfin qui essayent!

2 commentaires:

Anonyme a dit…

La triche, suite... je sens que mes enfants vont se marrer!
Je suis maintenant en 1ère latine, toujours aussi (peu) passionnée par les langues. 25 élèves dans la classe, 4 heures de latin/semaine.

La prof, très proche de la pension, a le cheveu aussi rare que lumineux. Un rincage tous les deux jours, le résultat se décline entre le

rose et le violet, à notre grande joie. Les quelques minutes de retard de Madame Latin à chaque cours sont utilisés pour les pronostics...

quelle couleur aujourd'hui?
C'étaient bien les seules minutes comiques du cours!
Vérification des devoirs (un thème et une version, 20 pharses en tout, à chaque cours!), le phare aux couleurs du jour sillonne la mer de

têtes studieuses à la recherche de ratures... vous avez bien lu, ratures... car Madame Latin avait aussi la vue basse, seules les ratures

et non les fautes arrêtaient son regard... Donc, en ouvrant mon cahier de brouillon tous les jours à la même page, soigneusement écrite et

de longueur standard de 20 phrases, j'économisais deux heures de travail minimum par semaine. Pour la correction orale, pas de problème,

la première phrase est traduite par le premier élève à gauche, ou le premier à droite, ensuite l'ordre est immuable. Je sais donc

exactement quelle phrase me tombera dessus dans quelques minutes. J'ai le temps de traduire.
Une année de "travail" à ce rythme ne m'a pas permis de briller au niveau des points... chute libre au troisième bulletin. Visite des

parents, ma mère demande à Madame Latin de donner plus de travail à domicile! Madame Latin a failli se trouver mal, c'était la première

fois qu'elle devait faire face à une telle demande! Elle n'y a pas donné suite, heureusement (pour mes condisciples)
Bref, je suis passée en 2ème... moderne! (classe de 30 élèves, cours de couture... mais j'ai rejoint ma copine... avec laquelle je me suis

disputée assez vite, passons)
Et quand je me suis intéressée à la culture orientale traditionnelle, j'ai mesuré le gouffre de mon ignorance de ma propre culture. J'ai

lu "Le Monde de Sophie" (abrégé de philo à usage des ados) en même temps que mon fils.

A suivre!

Papa Zoulou a dit…

Merci, Anonyme-Polygala13 pour cette deuxième livraison de souvenirs (cf le commentaire d'Interrogation Écrite), on se surprendrait à attendre la suite!
;-)