vendredi 8 août 2008

Interrogation écrite!

Il m'a assez souvent été demandé de surveiller des examens ou des interrogations écrites voire même être assesseur à des examens. Le souvenir le plus insolite est celui de cet oral de Français à la lueur des bougies, un matin de décembre: le jour n'était pas encore levé et la panne électrique du local pas encore résolue. Quelle belle ambiance pour évoquer les Romantiques!


En ce qui concerne les écrits, c'est franchement ennuyeux. Je peux essayer de repérer les gauchers et les compter: deux ou trois par classe, les statistiques se vérifient mais cela ne remplit pas les deux heures d'un examen voire la matinée...

Une tâche importante est d'empêcher les élèves de tricher. Un jeu où la vigilance de l'un doit déjouer les ruses des autres.

J'ai donc essayé de donner aux élèves honnêtes la conviction que la triche ne paye pas, pour cela il me fallait empêcher les manœuvres louches et il est délicat de faire la part des choses: un regard de côté est souvent une curiosité de voir si le voisin s'en sort aisément, un peu plus appuyé, cela peut être une «recherche d'inspiration»! Mieux vaut prévenir que guérir et éviter les situations ambiguës d'une feuille un peu trop au milieu de la table, par exemple.

Les techniques ne manquent pas, j'ai moi-même été témoin d'échange de papiers (échange de brouillons, de petits coins déchirés, jusqu'au jet hardi d'une boulette de papier; cours ouverts sur les genoux, feuilles de cours sous la feuille d'examen ou parmi les feuilles destinées aux brouillons, feuille de brouillon couverte de notes à peine lisibles au crayon dur, jusqu'au petit résumé miniaturisé. Dans ce cas, notons les progrès de la technique qui permet, via la photocopieuse ou l'imprimante, de les réduire à souhait tout en les multipliant à l'envi pour les copains; encore faut-il pouvoir les utiliser adroitement et les faire disparaître à la première alerte. A ce propos, je me rappelle cette élève «imbuvable» qui, en me voyant venir, a fait disparaître son «copion» derrière sa ceinture, carrément dans son slip avec une attitude de défi comme pour me dire « ...et là, vous viendrez le chercher? »

Souvenir plus récent: cette fille de rhéto parmi une soixantaine d'élèves dans un grand local, surprise au téléphone en plein examen de physique: « C'est ma maman » me dit-elle ingénument tout en s'accrochant à son GSM s'offusquant que je puisse vouloir le lui confisquer.

Il va de soi que je n'incite personne à en faire autant, si je vous le raconte, c'est parce que j'ai pu surprendre ces quelques faits (et je ne les cites pas tous)

Quand je tombe sur un fait de tricherie, que je ramasse une preuve compromettante ou que je dis que je rapporterai les faits au professeur dont je surveille l'examen, il n'y a aucune agressivité dans mon expression, «tu as essayé, ça a raté»; parfois même un peu d'humour émaille mes propos sans doute pour désamorcer la gravité de la situation mais j'ai sincèrement de la peine de voir la détresse de celui ou celle qui mesure les conséquences tragiques que ses actes auront sur l'évaluation de son travail. Même si j'ai essayé de ne rien en laisser paraître, j'ai souvent eu le cœur touché devant les supplications, les promesses de ne plus recommencer, les larmes...


D'un autre côté, j'admets fort bien avoir pu laisser passer nombre de tentatives réussies. Allez, vous avez terminé, moi, je ne suis plus dans l'enseignement, vous pouvez bien me confier une anecdote où vous pouvez vous vanter de m'avoir bluffé!

C'est à vous d'évoquer vos souvenirs!

1 commentaire:

Polygala 13 a dit…

Ah la triche...
Je me demande si ces instants particuliers ne seront pas les derniers souvenirs scolaires qui me resteront!
Premier essai (réussi) : 6ème primaire, examen de neerlandais, le jour de l'anniversaire de ma mère (Flamande!)
Le hasard me place à côté de la première de classe. Moi qui navigue dans ce domaine autour des 50% à l'écrit (nettement plus à l'oral) je copie l'intégralité de l'épreuve sur ma voisine et j'annonce fièrement à ma mère "cadeau d'anniversaire: j'ai BIEN réussi mon examen!"
Le plus beau cadeau de sa vie m'a-t-elle dit pendant longtemps. Je n'ai jamais eu le coeur de lui avouer la tricherie.
Mais voilà, j'habite maintenant en flandre et mon Dieu, que c'est dur de reprendre le chemin de l'école à 55 ans pour étudier une langue qui pourtant fait partie de mes racines!
La suite au prochain numéro!